Aujourd’hui considérée par beaucoup comme un musée, la Fondation suisse est avant tout un lieu d’habitation. Son architecture et ses résidents en font depuis toujours un carrefour de l’intellect, de la culture et du quotidien, diluant la frontière entre Le Corbusier “architecte” et Le Corbusier “philosophe”. Dans ces murs prend corps la “machine à habiter”, lieu urbain idéal dont il a conçu les principes théoriques, qu’il a ensuite cherché à appliquer à travers toute son œuvre.
Qu’il s’agisse d’architecture, de beaux-arts ou d’écriture, Le Corbusier a de tout temps été un avant-gardiste, un théoricien d’un art de vivre. Le Salon courbe du Pavillon suisse synthétise l’omniprésence de la poétique picturale et littéraire dans ce bâtiment et dans son œuvre en général. Murs courbes, parois peintes, plafonds multicolores et béton brut, les jeux de matières et de chromatiques confèrent à ce lieu une dimension sculpturale.
Vivre quelques instants dans ce bâtiment, devant le mural, dans un fauteuil dessiné par Charlotte Perriand, permet sans doute de saisir que Le Corbusier fut aussi un grand plasticien, un poète de la forme colorée et du verbe, un penseur du bien-être.